BIBENDUM Chamailleries

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Quand Béru est rentré chez lui hier, il était en renaud… Plus tôt dans la matinée, le dabe lui avait sonné les cloches, biscotte cézigue avait un peu trop morniflé un gonze qui vendait de la schnouf. Faut dire que le gros n’y était pas allé de main morte et que le vendeur à la sauvette ressemblait depuis à un raton laveur et qu’il était parti en ambulance pour les urgences. En plus des remontrances, le gravosse n’avait pas eu le temps de tortorer et ça avait contribué à renforcer sa méchante humeur…

 

Quand il est entré chez lui vers treize heures, il espérait sentir une bonne odeur de cuisine et il avait beau ouvrir ses évents en grand, peau de balle et balai de crin. De plus, la carrée était silencieuse. La radio était sur OFF de même que la téloche. Bizarre ! D’habitude, Berthe écoutait RTL à fond les ballons et elle préparait en avance la bectance du soir.

 

La cuisine était déserte comme si la grosse n’y avait pas encore mis les paturons.

 

L’énorme s’est gratté la coloquinte après avoir fait valdinguer son bitos sur le canapé. Berthe n’était pas là… « Où ce qu’elle est encore allée c’te morue ?» a-t-il maugrée avant de sentir poindre l’inquiétude. «Berthie ? Berthie ? BERTHIE !» Pas de réponse…

Béru a alors entrepris de grimper les escadrins pour vérifier la chambre à coucher. Son estomac gargouillait et il s’en fichait. Il commençait à choper les copeaux pour sa Berthe.

 

Quand il a dégondé la lourde de la chambre, il faisait aussi noir là-dedans que dans le coffre-fort d’une banque Suisse. Il y avait ce bruit régulier, comme un gros ronronnement. «Serait-y qu’il y aurait un fauve dans cette turne ?»

 

À pas de loup, Béru s’est approché de la fenêtre et a ouvert les volets et là, il a découvert sa baleine, Berthe qui ronflait sur les oreillers. L’énormité qui l’accompagnait dans l’existence depuis lulure avait un filet de bave qui dégoulinait en cascade sur ses nombreux mentons.

 

Le gros s’est approché d’elle, attendri et s’est assis au bord du pucier pour la regarder pioncer et puis, au bout d’un moment, quand son bide a recommencé à miauler de révolte, il a posé sa grosse paluche sur l’endosse de sa houri : « Ho Berthie ! Ma paupiette ! Tu joues à Blanche Fesse et les sept mains ? T’attends ton prince charmant pour te déhotter ? Faut-y que je te pose une ventouse sur le bocal pour que t’ouvres les mirettes ?»

Comme la mastodonte ne répondait pas, il l’a secouée et là, elle a ouvert ses épaisses paupières, ravalé sa bave et cligné des lampions : « T’es louffe ou quoi ? C’est pas des manières pour réveiller une dame ! Merde alors ! Moi qui faisais un si joli rêve…

 

— On est l’après-midi feignasse ! Qu’est-ce que tu fous encore dans les toiles ? Debout !

 

— Hein ? Comment c’est possib ? Oh merde ! J’ai confondu les médocs ! J’ai pris des ronflanz à la place des vazydon pour ma constipation.

 

— Et moi qui me faisais un sang d’encre… Ce que tu peux être tarte alors…

 

— Ça va, oui ? Tu te crois meilleur, peut-être ? Non mais tu t’es vu vieille baderne ?»

 

Et à ce moment-là, une colère dantesque est montée full speed en Béru qui a aussitôt abattu son battoir sur la carafe à Berthe : « Ah ouais ? Et celle-là, tu l’as vue ?»

 

C’est à cause de l’empoignade titanesque qui a suivi que les Berurier ont dû changer le mobilier de leur chambre.