La caresse
Pré carré de la main, est à tort réservée
Lieu commun pour bon nombre, autre en réalité
D’aspects nombreux, divers, elle se pare, variété
Invitation, plutôt que finalité; rêvée.
Regard appuyé, sourire timide entendu
Battement de cils soyeux, ailes ludiques
Souffle léger dans le cou, air érotique
Séduction, avant que les corps ne soient rendus
Mots précieux et choisis chuchotés en public
Geste discret, précis que nul autre ne voit
Improvisé toujours, jamais ne se prévoit
Intention délicate pour armer le déclic
La caresse avant tout se veut délicatesse
Prélude à l’amour, base de la séduction
Quels que soient les sens, génératrice de tension
De près comme de loin, à tous nos sens s’adresse
Le sens du toucher
Je ne sais pas combien de centimètres
Séparent nos corps dans le volume de cette chambre à coucher
Je n’ai, de toute manière, plus aucune envie de calculer
Les déperditions de chaleur d’un toucher
Que notre société assimile désormais à un vice avoué.
Est-ce à force de nous asséner de coups
Que l’on esquive une paire de lèvres sur nos joues ?
Un bisou dans le cou, un peu volé,
Est une offense à la bienséance
Et rien que le mot toucher évoque
La solitude d’une sexualité…
Le moindre désir d’une caresse
Devient un signe de faiblesse
C’est pourtant grâce aux bouts de leurs doigts
Que les non-voyants jugent nos faux-semblants
On devient parfois hésitant à embrasser les enfants,
On ose plus étreindre ses parents
Entre nous, bientôt, plus que des poussières dans le vent,
Alors je veux que mes mains te parcourent entièrement,
Et qu’autour de tes bras tu m’enfermes doucement…
Car dans tes bras, je retrouve la somme des plus belles rencontres,
Plus de roues qui tournent en course contre-la-montre
Dans tes bras commence l’éternelle ronde,
Une caresse de toi,
Et vient la paix dans mon monde.
Yann SolMar
Joliment écrit !